Projet CMRAI : Détecter l’aorte vulnérable en IRM pour une médecine cardiovasculaire de précision

Projet CMRAI : Détecter l’aorte vulnérable en IRM pour une médecine cardiovasculaire de précision

L’anévrisme aortique est une dilatation permanente de l’aorte dont les conséquences, en cas de rupture, peuvent être fatales. Si le diagnostic est posé suffisamment tôt, le traitement repose souvent sur la gestion de l’hypertension artérielle. Dans d’autres cas, un geste chirurgical est envisagé pour traiter l’anévrisme au plus vite. Mais malheureusement le diagnostic est souvent tardif, réalisé lors de la rupture, et constitue un événement dramatique associé à une mortalité de 80-90%. C’est dans ce contexte qu’il est nécessaire de mieux détecter l’anévrisme aortique dans la population française. Alors comment mieux prévenir les ruptures aortiques ? C’est le défi que relève le projet CMRAI porté par l’IHU-ICAN et Sorbonne Université et financé par l’EIT Health.

Ce projet, monté à l’initiative de l’IHU-ICAN et coordonné par son fondateur Sorbonne Université, regroupe 9 partenaires européens : Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (France), l’Ecole de Médecine d’Hanovre (Allemagne), l’Université Médicale de Vienne (Autriche), l’hôpital de Vall d’Hébron (Espagne), l’hôpital de Santa Cruz (Portugal), l’Université de Sciences de Lisbonne (Portugal), dont 2 partenaires industriels : Imageens (France) et Siemens Healthineers (Allemagne).

Le projet CMRAI a pour objectif de créer une plateforme qui permettra de définir dès les premiers signes de la maladie un score de risque d’anévrisme aortique pour chaque patient, et donc de définir une stratégie de suivi et de prise en charge personnalisée.

Ce projet propose de dépasser la pratique basée sur le seul diamètre en proposant une évaluation de nouveaux paramètres fonctionnels en IRM rendant compte de l’élasticité de la paroi de l’anévrisme aortique, des forces de cisaillement appliquées à sa paroi, du régime de pression et des perturbations des flux sanguins résultants.

Ces paramètres innovants issus des algorithmes développés par le laboratoire d’imagerie biomédicale LIB (Inserm/SU/CNRS) seront étudiés dans deux populations : chez des patients ayant un anévrisme de l’aorte thoracique dans le cadre d’une étude clinique dans 5 centres de référence européens et chez des sujets sains recrutés au sein de la cohorte Constances (Inserm) en France afin d’établir les valeurs normales attendues en population générale.

Porté par le Pr Alban Redheuil, responsable de l’Imagerie Cardiovasculaire et Thoracique (ICT) à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et responsable médical de la plateforme ICAN Imaging, par le Dr Nadjia Kachenoura, responsable de l’équipe imagerie cardiovasculaire (iCV) du Laboratoire d’Imagerie Biomédicale (LIB) et par Ted Baldwin CEO de la start up Imageens, le projet CMRAI implique plusieurs services de l’IHU-ICAN :

Résultats attendus

 CMRAI permettra donc le dépistage de l’anévrisme aortique, la prise de décision thérapeutique et la prise en charge adaptée et personnalisée grâce à l’Imagerie à Résonnance Magnétique (IRM) couplée à l’analyse automatisée et multiparamétrique de l’aorte.

Cette étude participe au développement de la médecine de précision dans les maladies du Cardiométabolisme. Il s’agit d’un projet majeur qui a obtenu un financement EIT Health.


7 avril 2022 : journée mondiale de la santé : Le modèle IHU pour affronter l’enjeu de santé publique des maladies du cardiométabolisme et accélérer l’innovation médicale au service du patient.

Journée mondiale de la santé : Le modèle IHU pour affronter l’enjeu de santé publique que représente les maladies du cardiométabolisme et accélérer l’innovation médicale au service du patient.

Créé en 2011, l’IHU ICAN (Fondation pour l’Innovation en Cardiometabolisme et Nutrition) constitue un pôle d’excellence dans le domaine des maladies métaboliques : diabète, obésité, maladies hépatiques (stéatose), maladies du cœur et des vaisseaux. Ces pathologies représentent la première cause de maladies chroniques. Alors comment le modèle « IHU » permet de lutter efficacement contre ce fléau ?

1- Grâce à des équipes expertes

La force du modèle des IHU réside dans la concentration de moyens humains significatifs sur des priorités de santé publique ciblées, portées par des structures agiles, et de faire coopérer des cliniciens, des chercheurs, des entrepreneurs au service des patients.

Les IHU représentent une force pour innover et élaborer les parcours, traitements et dispositifs médicaux de demain. Les équipes de l’ICAN accélèrent les découvertes sur les maladies métaboliques et leur transfert au bénéfice des patients grâce à des procédures intégrées qui permettent de faire preuve de réactivité et d’agilité du montage de projet à la valorisation de la découverte.

2- Grâce au décloisonnement des disciplines.

Changer d’échelle pour inventer la médecine de demain dans le cardiométabolisme.

Les maladies cardiovasculaires liées au diabète, à l’athérosclérose, à l’obésité ou aux maladies du foie comme la NASH sont regroupées sous le concept de maladies cardiométaboliques. Il existe des bases scientifiques à ce concept de maladies cardiométaboliques constituées par les nombreuses interfaces entre le métabolisme et les organes : microbiote, tissu adipeux, système immunitaire. Ainsi, on est passé d’une médecine centrée sur un organe à une approche globale et systémique des maladies cardiométaboliques

La prise en charge des patients atteints de maladies métaboliques en est modifiée, les médecins ne raisonnent plus par organe ou par maladie mais ils mettent en place une approche personnalisée et pluridisciplinaire pour une prise en charge globale de la maladie et de ses conséquences sur le devenir des patients.

Par exemple, les patients obèses ne développent pas tous un diabète ou des pathologies cardiovasculaires graves, de même que les patients diabétiques ne présentent pas tous une insuffisance cardiaque. À l’inverse, certains individus a priori à faible risque, vont avoir un infarctus du myocarde. Il faut donc adapter mieux comprendre les interactions entre les organes et entre les pathologies pour mieux prendre en charge les patients et anticiper les évolutions. Il faut déterminer quel patient développera tel ou tel syndrome.

De nouvelles relations de causalité sont apparues. « La NASH (stéatose hépatique non alcoolique) par exemple, qui jusque-là était considérée comme un indicateur de malnutrition et de maladie systémique, se révèle être bien plus que ça : elle a un impact direct sur les vaisseaux, le microbiote, le tissu gras et globalement le métabolisme ». Pr Stéphane Hatem, directeur de l’ICAN

Les organes dialoguent entre eux, et, quand l’un d’eux commence à souffrir de perturbations métaboliques, les messages envoyés peuvent faire domino et déclencher des processus délétères à distance.

Développer la connaissance des liens physiopathologiques, identifier des biomarqueurs et les évaluer en population sont des étapes clés dans la compréhension des maladies métaboliques. Pour ce faire, l’IHU ICAN participe à des programmes de recherche innovants sur intégrant l’utilisation de données de santé générées par les nouvelles techniques d’imagerie ou de recherche grâce notamment à l’explosion des omics en santé. Beaucoup de travail reste à accomplir mais les progrès de la biologie et des nouvelles technologies permettent d’accélérer les innovations de la recherche. Entièrement dédié à l’étude et à la compréhension de maladies métaboliques l’IHU ICAN est un acteur pionnier de la recherche sur le cardiométabolisme.

Quelques exemples de projets innovants aux services du patient portés par l’IHU ICAN :


Lancement réussi de l’essai XVIVO

Lancement réussi de l’essai XVIVO

Lancement de l’essai industriel pré marquage CE mené par l’entreprise XVIVO Perfusion, en collaboration avec le Dr Guillaume Lebreton, chirurgien thoracique dans le service de chirurgie cardio-thoracique dirigé par le Pr Leprince, visant à valider la performance d’un nouveau système de transport de greffons destinés à la transplantation cardiaque.

Cette méthode innovante de protection des greffons implique le raccordement du cœur, du donneur refroidi au repos, à une pompe qui lui administre une solution de conservation, de l’oxygène et des nutriments durant toute la durée du transport. Contrairement à la méthode de transport standard, qui consiste simplement à déposer le cœur dans un liquide réfrigéré, cette nouvelle solution permettra de mieux répondre aux besoins nutritionnels du cœur et permettra d’augmenter les chances de réussite de la greffe notamment lorsque le cœur doit faire un long trajet pour rejoindre le receveur.

Le site de la Pitié-Salpêtrière 1er centre recruteur sur cet essai

Grâce au travail conjoint des équipes des Opérations Scientifiques pour le montage du projet et du plateau d’investigation clinique de l’ICAN, l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière est le premier centre recruteur de cet essai avec 11 patients en 6 mois sur les 30 prévus au total. Actuellement, 11 centres hospitaliers sont impliqués dans ce projet innovant. La durée totale de l’étude est de 2 ans. »